Les Oponces : Des cactus qui résistent au froid… et se mangent !

Lorsqu’on pense aux cactus, on imagine spontanément des paysages arides, des températures brûlantes et des étendues désertiques balayées par le soleil. Certaines variétés, comme les Oponces, aussi appelées Opuntia ou cactus raquettes, bousculent ces idées reçues ! Ces plantes étonnantes se distinguent par leur capacité à survivre dans des environnements bien plus variés, y compris des régions froides où l’on ne s’attendrait pas à croiser un cactus. Résilientes, polyvalentes et surprenantes, les Oponces ne se contentent pas d’être des curiosités botaniques : elles trouvent aussi leur place dans nos assiettes, tant pour leurs qualités nutritionnelles que pour leurs usages traditionnels.

Des cactus qui bravent le gel jusqu’à l’extrême !

Originaires des Amériques, les Oponces appartiennent à la famille des Cactacées. Contrairement à la majorité de leurs cousins tropicaux, plusieurs espèces de ce genre sont étonnamment bien adaptées aux climats tempérés. Certaines, comme l’Oponce de l’Est (Opuntia humifusa) ou l’Oponce à aiguilles de feu (Opuntia phaeacantha), peuvent survivre à des températures extrêmes, descendant jusqu’à -20 °C, voire -25 °C.

Leur robustesse est telle que certaines espèces se sont naturalisées en Europe, notamment en France, dans la vallée du Rhône ou encore sur les falaises escarpées des gorges de l’Allier, en Haute-Loire. Leur secret ? Une adaptation physiologique remarquable : ces cactus stockent l’eau dans leurs cladodes, les fameuses « raquettes » aplaties, et y concentrent des sucres qui agissent comme un antigel naturel, protégeant les cellules du gel hivernal.

Grâce à cette rusticité, les Oponces s’intègrent parfaitement dans des jardins de montagne, des rocailles sèches ou même des massifs urbains. Leur allure sculpturale, associée à une floraison spectaculaire, aux teintes vives de jaune, rose ou orange selon les espèces, en fait également des plantes ornementales très prisées.

Dans la pharmacopée et les assiettes des peuples amérindiens

Bien avant la “découverte de l’Amérique, les Oponces occupaient une place essentielle dans la vie quotidienne des peuples autochtones sur tous le continent, en Amérique du Sud, notamment chez les Aztèques, les Mayas, mais aussi en Amérique du Nord, comme les Navajos, les Hopis ou les Pueblos, ainsi que chez les peuples andins. Ces cactus étaient à la fois des ressources alimentaires, médicinales mais aussi symboliques. Les Oponces étaient utilisées pour soigner un large éventail de maux, notamment sous forme de cataplasme. Mais les Oponces ne servaient pas qu’à guérir : elles nourrissaient aussi. Deux parties principales étaient traditionnellement consommées :

-Les raquettes (cladodes) : Appelées “Nopalitos” au Mexique, elles sont récoltées jeunes, avant que leurs épines ne durcissent. Riches en fibres, en vitamines (notamment A, C, et plusieurs du groupe B), en minéraux (calcium, magnésium) et en antioxydants, elles étaient souvent grillées sur des pierres chaudes, cuites à l’étouffée dans des feuilles, ou incorporées dans des préparations avec du maïs et des haricots. Aujourd’hui, elles se dégustent sautées, en salade, en ragoût ou en omelette. Leur goût évoque le haricot vert, avec une texture légèrement mucilagineuse.

-Les fruits (figues de Barbarie) : Ces baies juteuses, aux teintes éclatantes (rouge, jaune, orange), sont sucrées, rafraîchissantes et riches en vitamine C, en flavonoïdes et en fibres. Les peuples amérindiens les consommaient fraîches, séchées pour l’hiver, transformées en sirops ou fermentées pour obtenir des boissons traditionnelles. Certaines tribus utilisaient également les graines pour produire une huile médicinale, ou les coques comme combustible ou pigment naturel.

Ainsi, les Oponces étaient bien plus que de simples plantes : elles incarnaient un savoir ancestral, une source de résilience face aux conditions extrêmes, et une véritable pharmacie et épicerie à ciel ouvert !

Les Oponces : Des plantes d’avenir sous nos latitudes ?

La culture des oponces est un jeu d’enfant, même en climat tempéré. D’une manière générale, toutes les oponces demandent un sol bien drainant et une exposition plein soleil. Éviter surtout l’humidité stagnante qui pourrait conduire à leur perte ! Le semis des graines se fait idéalement à 23-26 °C, dans un substrat composé à parts égales de terreau et de sable. La germination intervient sous 2 à 5 semaines. Il est aussi possible de multiplier les oponces par bouturage de raquettes. Laisser sécher une semaine, puis planter dans un sol bien drainé.

L’arrosage est quasi inutile une fois bien installées. Elles tolèrent parfaitement les sécheresses. À noter qu’en automne, leurs raquettes peuvent se flétrir légèrement pour résister au gel, un comportement normal chez les oponces. Au printemps, elles se redressent d’elles-mêmes. En ces temps de changement climatique et de recherche de cultures durables, les oponces ont plus d’un atout. Leur faible besoin en eau, leur résistance naturelle aux maladies et leur capacité à pousser dans des sols pauvres en font une culture écologique et prometteuse, notamment pour l’agroécologie.