Nepenthes rafflesiana : Une plante carnivore intelligente friande de fourmis !

Nepenthes rafflesiana est une plante carnivore endémique à l’île de Bornéo, qui piège les insectes, le plus souvent des fourmis, dans ses feuilles modifiées pour former une urne qui contient du nectar et dans laquelle, attirées par l’idée d’un bon repas, les fourmis tombent et sont assimilées par la plante. Mais les botanistes viennent de constater que ce piège fonctionnait de façon intermittente, répondant à une stratégie très intéressante visant à capturer un nombre maximal de fourmis !

Un paradoxe qui intrigue les scientifiques !

Comme la sélection naturelle devrait favoriser des adaptations qui maximisent l’apport de proies, l’évolution de pièges temporairement inactifs semble paradoxale. Aussi les biologistes de l’université de Bristol, au Royaume-Uni, ont tenté de savoir si cette désactivation n’apportait pas finalement un avantage aux plantes. Apparemment, quand il fait chaud et ensoleillé, le péristome de Nepenthes est lui aussi sec et les insectes peuvent déambuler dessus en toute quiétude. Quand le temps est plus humide le péristome le devient aussi et la plante secrète un nectar qui le rend très glissant et alors les insectes qui s’y aventurent tombent immanquablement dans le piège. C’est une particularité, car la plupart des plantes carnivores ont des cristaux de cire sur leurs feuilles qui leur confèrent un caractère glissant permanent. Et il s’avère que la Nepenthes rafflesiana utilise une stratégie particulièrement payante !

Nepenthes rafflesiana (1)

Nepenthes rafflesiana, une plante carnivore intelligente !

Laisser filer l’éclaireuse pour rafler les ouvrières !

Lorsqu’une première fourmi éclaireuse vient visiter la plante, les rebords de la plante sont parfaitement secs, ce qui permet à la fourmi de déguster son précieux nectar. De retour à la fourmilière, saine et sauve, elle signale aux ouvrières une source de nourriture et celles-ci se rendent en confiance sur les lieux. Mais dans l’intervalle et selon l’hygrométrie et les conditions météorologiques, les rebord de la plante sont devenus glissants, ce qui entraîne l’ensemble du groupe de fourmis ouvrières dans le redoutable piège ! Résultat de cette stratégie : en épargnant de temps en temps quelques fourmis, Nepenthes rafflesiana a ainsi l’assurance en contrepartie d’avoir un repas beaucoup plus consistant dans les heures qui suivent !

Malgré cette “fourberie” végétale, Ulrike Bauer, principale auteure de l’étude, estime qu’il s’agit là d’une forme de coopération mutualiste, dans laquelle les deux protagonistes sont gagnants. « Tant que le gain d’énergie (le nectar) l’emporte sur la perte des ouvrières, les colonies tirent avantage de cette relation tout autant que la plante » souligne-t-elle.

Nepenthes rafflesiana (2)

L’espèce Nepenthes rafflesiana originaire de l’ile de Bornéo

Cette découverte a été publiée le 14 janvier 2015 dans la revue Proceedings of the Royal Society B, sous le titre “How to catch more prey with less effective traps: explaining the evolution of temporarily inactive traps in carnivorous pitcher plants“.


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