Interview : Marion Sarlé, maraichère en ferme hydroponique

Tout plaquer pour se lancer dans le maraîchage hydroponique dans le Gers, voilà le projet un peu fou de Marion et Nicolas Sarlé il y a maintenant quelques années ! Depuis 2013 c’est chose faite, ce jeune couple franco-argentin installé dans la commune de Lagraulet-du-Gers au lieu-dit «La Berdale» cultive des légumes et des plantes aromatiques rares dans leur “potager aquatique” de 600 m2. De plus en plus sollicité par les restaurants gastronomiques de la région, ils s’appliquent à cultiver des produits de qualité d’une manière hors-sol mais très écologique !

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Marion et Nicolas Sarlé dans leur serre hydroponique de 600 m2 – Source : Lessourciers.com

1. Parlez-nous de votre parcours, votre rencontre avec l’hydroponie et le début de cette belle aventure…

“Pour être sincère c’est arrivé plutôt par hasard. Un week-end romantique sur une île au Nord de Buenos Aires, nos hôtes avaient une belle serre en hydroponie qu’ils nous ont fait visité. C’est la rencontre avec une fraise hydroponique qui nous a frappé, elle était bonne, délicieuse même! Et en Argentine il est facile de trouver de la bonne viande, mais un bon légume ça ne court pas les rues. Quel était donc leur secret pour arriver à obtenir des fraises aussi bonnes? Ils nous ont fait une visite de leur serre hydroponique et nous avons adoré la technique. Tout repose sur la nutrition de la plante vraiment. Après avoir passé quelques mois à économiser nous y sommes retournés pour y faire une formation et c’est ainsi qu’a commencé l’aventure! Pendant 2 ans nous avons cultivé des légumes sur notre balcon pour nous perfectionner puis il était temps de franchir le pas, de voir si nous pouvions vivre de notre passion: nous avons décidé de quitter notre vie de cadre d’entreprise et devenir maraîcher hydroponique.”

2. Selon vous, quels sont les avantages et les inconvénients de ce mode de culture peu banal ?

“Le grand avantage de l’hydroponie est sa versatilité, comme on ne dépend pas de la terre on peut faire pousser des plantes n’importe ou. En milieu urbain particulièrement comme nous sur notre balcon, ou sur des toits là où la terre est trop lourde pour être supportée.  Comme en terre il y a culture conventionnelle et bio, en hydroponie c’est pareil, il y a plusieurs façons de la pratiquer, et nous essayons de le faire le plus écologiquement possible. Dans notre mode de culture, en circuit fermé, nous réalisons 95% d’économie d’eau par rapport à une culture en terre. C’est donc aussi idéal pour faire pousser des plantes en milieu aride ou sur des iles où il y a peu d’eau douce. Les systèmes sont à hauteur d’homme donc très ergonomiques et accessible à tous, même aux personnes âgées ou handicaps. Enfin la nutrition des plantes et le pH peut être contrôlé afin que la plante donne le meilleur de son potentiel génétique, si le maraîcher travail bien elles vont se développer plus vite, avoir une saveur vraiment très développé. Le gros inconvénient de l’hydroponie c’est qu’on n’est pas complètement indépendant, il faut des intrants, il existe des engrais minéraux et des engrais bio développés par GHE, mais c’est encore compliqué d’être autonome. C’est là où je considère l’aquaponie comme l’étape suivante à l’hydroponie car les plantes se nourrissent des déjections des poissons donc sans intrants.  Enfin l’hydroponie à bien mauvaise presse, car elle est bien souvent mal utilisée alors que la technique en soi est très intelligente.”

3. Vos produits ravissent déjà les plus grands chefs gersois, comment expliquez-vous ce succès ?

“Au début les chefs étaient très frileux à l’idée de produits issu d’une agriculture dite “hors sol” qui a une connotation très négative, mais dès qu’ils se sont rendu compte de leur goût hors du commun ils ont changés d’avis. Après leur avoir livré des échantillons de dégustation, ceux qui nous avaient fermés leur porte lors de notre première visite se sont empressés de nous rappeler. En plus d’être vraiment très fort en goût, ce sont des produits qui sont locaux, et très frais, exactement ce dont ils ont besoin pour bien travailler.  Nous récoltons le matin même de la livraison, ce qui leur permet de conserver nos herbes parfois pendant 15 jours. Ensuite lorsque le produit est bon, plus besoin de démarcher, les chefs nous appellent d’eux même. Et parfois de loin, malheureusement nous avons dû décliner des chefs parfois étoilés de Bordeaux ou Paris à cause de la distance de livraison.”

4. Comment est née votre passion des plantes rares et des saveurs exotiques ?

“J’ai eu la chance de vivre dans de nombreux pays et de voyager beaucoup, alors les saveurs qui sortent de l’ordinaire ont le pouvoir de me faire revivre certains de mes voyages. C’est comme la madeleine de Proust, assez magique. Du coup je ne comprends pas comment certaines plantes qui s’adaptent parfaitement au climat européen ne sont pas plus développées sur nos terre. Il y a une question de culture gastronomique c’est certain mais aussi une question générationnelle. J’étais étonné de voir que beaucoup de personnes âgées ne connaissent pas le basilic par exemple, c’est une plante de « jeune », pour eux le roi des aromates c’est le persil. Ma grand mère la première, en voyant le basilic en quantité dans notre serre elle m’a demandé comment je l’utilisais, c’est moi qui lui ai fait découvrir le pesto! Et puis je dois avouer qu’à force de côtoyer les chefs gastronomiques on a très envie de les surprendre alors sur votre site Alsagarden on se régale, il y en a pour tous les goûts!”

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Un fruit de physalis pourpre, un légume exotique cultivé dans leur serre – Source : Lessourciers.com

5. Pouvez-vous nous donner un éventail de vos différentes productions au fil des saisons ?

“En hiver on reste assez classique avec des variétés de choux, du cresson de fontaine, des moutardes, des blettes à cardes colorées. Ça pousse tout doucement et on se repose. Puis quand vient de printemps on met en place les tomates anciennes, poivrons, aubergines, piments qui vont mettre du temps à se développer. Puis les aromatiques telles que le basilic vert, thaï, citron, cannelle, l’aneth, le cerfeuil, la coriandre, le pourpier d’hiver, la ciboule de chine, la ciboule blanche, la livèche et la Mertensia maritima vont se réveiller tout seul de leur sommeil d’hiver. Et nous avons aussi des petits fruits comme la physalis et la morelle de balbis. La liste est longue, chaque année vient avec son lot de nouveautés! J’ai très envie de goûter la plante qui a un goût de champignon en 2016!”

6. Quelle est votre philosophie dans votre ferme hydroponique (agriculture bio, raisonnée…) ?

“Notre philosophie est de nous compliquer la vie pour être en accord avec nos valeurs! Nous savons que nous n’aurons jamais le label bio car nos plantes ne touchent pas le sol. Et nous faisons quand même le maximum qui est en notre pouvoir pour avoir une production qui est écologique. Donc nous ne traitons pas du tout, ni même avec des produits bio car certains ont quand même un pourcentage de phytosanitaires. Nous préférons les insectes prédateurs pour lutter contre les insectes nocifs. Mais la serre étant grande ouverte les insectes se débrouillent souvent entre eux, la nature est vivante! De toute façon comme nous chouchoutons nos plantes au niveau de la nutrition elles sont en bonne santé, et donc attirent moins les maladies et parasites qui préfèrent les plantes faibles. Nous utilisons très peu d’eau, des engrais en quantité homéopathique qui circulent en circuit fermé. Nous avons choisit nos substrat de manière écologique car ils peuvent se laver à l’eau et au soleil pour ne jamais avoir à les jeter, ils sont recyclés entre chaque culture. Tous nos déchets sont compostés, nous ne chauffons pas la serre et nous n’utilisons pas de lampes.”

7. Quelles sont les plantes, herbes et légumes que vous expérimentez en ce moment ?

“Nous avons des nouveautés en permanence, parfois je me dis qu’il faudrait arrêter d’expérimenter autant parce que c’est beaucoup de travail d’avoir autant de variétés différente, chacune à des besoins spécifiques. En ce moment en nouveauté nous avons la morelle de balbis qui donne et donne à n’en plus finir, aussi la sucre aztèque qui rencontre un grand succès auprès des chefs et des particuliers, le Kiwano qui étonne toujours par sa couleur et sa forme originale, l’agastache, les fleurs de tagette, la pimprenelle, le chou kailaan…”

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Marion Sarlé qui observe la production racinaire d’un jeune plant – Source : Lessourciers.com

8. Un question un peu difficile : Quelle est votre plante, légume ou variété potagère favorite ?

“En ce qui me concerne j’ai mon chouchou, qui est très simple à faire pousser et qui me régale tout l’été: le basilic citron. Je suis une inconditionnelle du basilic vert que je mets partout dans la cuisine, mais alors la découverte avec le basilic citron, c’est juste magique. Non seulement je peux en mettre dans les salades et pesto, mais j’en fais des eaux solarisées, des limonades, des desserts comme des glaces, … J’en ai même parfois un petit bouquet dans la voiture rien que vous aromatiser mes trajets! Il est beau il est bon et il est facile à faire pousser. Tout le monde devrait en avoir dans son jardin! Nico lui dévore la Ficoïde glaciale tout au long de la journée, pour le côté croquant et juteux.”

9. Peut-on venir visiter votre « potager aquatique » dans le Gers et acheter vos produits directement ?

“Bien sûr, comme notre méthode de culture attire les curieux et les sceptiques, nous organisons des visites guides en été 2 samedis par mois. Pour ceux qui veulent se lancer, souvent dans le cadre de projets humanitaires ou d’agriculture urbaine, nous organisons des cours d’hydroponie à notre ferme ou nous vous partageons tous les secrets de culture. Et bien entendu si certains produits vous tentent en nous contactant au préalable vous pouvez passer en acheter directement à la ferme.”

10. En tant que client Alsagarden, qu’appréciez-vous dans notre gamme végétale et dans nos services ?

“Votre liste de produits correspond exactement à mes besoins en tant que maraîchère; lorsque je demande aux chefs de quels produits ils ont besoin ils me répondent “surprenez moi” alors je vais sur votre site et je trouve à tous les coups de quoi les surprendre. C’est un grenier à plantes rares et exotiques, en plus les explications sont claires, la livraison est ultra rapide, et je dois avouer que c’est le côté humain aussi qui me fait plaisir. J’ai l’impression d’acheter à des personnes vraiment passionnées et non pas à une grosse entreprise déshumanisée. J’aime bien les petits articles sur les réseaux sociaux sur les plantes ou sur les conseils jardinage, c’est très bien fait. Continuez comme ça c’est génial.”

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Aperçu des cultures en place dans la serre de Marion et Nicolas – Source : Lessourciers.com

Intéressé par un cours d’hydroponie ou tout simplement par de bons produits ? Contactez Marion et Nicolas, voici leurs coordonnées :  Les Sourciers – Lieu dit “Cler” – 32330 Lagraulet-du-Gers – France – Site web : www.lessourciers.com